[Interview] « La libéralisation du marché du gaz naturel a eu un impact positif »

Frank Roubanovitch, président du CLEEE, revient pour le maGAZine sur la création de son association de consommateurs d'énergies. Il évoque également les travaux en cours et les sujets qui mobiliseront ses équipes en 2018.

Sommaire

Qu’est-ce que le CLEEE et comment a-t-il été créé ?

Le Comité de liaison des entreprises ayant exercé leur éligibilité sur le marché libre de l’électricité (CLEEE) a été fondé en 2006, deux ans après l'ouverture du marché à la concurrence des marchés de l’énergie à l’ensemble des sites BtoB. Nous avons commencé par le marché de l'électricité, avant de nous ouvrir au gaz naturel.

L'idée initiale du CLEEE, c'était la défense des consommateurs contre l'interdiction de revenir aux tarifs réglementés une fois que l'on avait opté pour les prix de marché. Or, les prix de ces derniers flambaient, ce qui les rendait beaucoup moins intéressants ! Nous avions souhaité nous regrouper pour peser dans les décisions prises au plus haut niveau.

Qu'aviez-vous alors obtenu ?

Nos travaux ont permis la création d'un « tarif réglementé bis », le« Tartam », pour ceux qui étaient passés aux prix de marché mais le regrettaient, à juste titre. En 2010, nous avons par ailleurs obtenu l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique (ARENH) : un droit pour les fournisseurs d’acheter de l’électricité à un prix régulé et pour des volumes déterminés, permettant aux consommateurs de profiter de tarifs intéressants. Autant d'avancées qui ont permis de légitimer le rôle du CLEEE.

Justement, quel est le rôle de votre Comité ?

Nous avons un triple rôle :

  • Essayer de faire évoluer les projets quand ils sont à la défaveur des consommateurs. À mi chemin entre les électro/gazo-intensifs, dont les exemptions et avantages spécifiques sont soutenus par l’Union des industries utilisatrices d'énergie (UNIDEN), et les particuliers, accompagnés par des associations telles que l’UFC-Que Choisir, le CLEEE s’est donné pour rôle de défendre les entreprises, des plus grosses aux TPE/PME.
  • Organiser des réunions d'information (une fois par mois en moyenne) sur des sujets variés, souvent d'ordre réglementaire.
  • Tenir nos membres informés de ce qui change ou va changer sur le marché de l'énergie. Nous avons pour cela des rendez-vous réguliers avec la DGEC, la CRE, les cabinets ministériels, les acteurs de l'énergie dans leur ensemble… ce qui nous permet d'être au courant de ce qui se prépare.

 

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De qui est composé le CLEEE ?

Les membres proviennent de tous les secteurs :

  • les transports (Aéroports de Paris, Geodis, RATP, SNCF) ;
  • l’environnement (Veolia) ;
  • les banques, les télécom (BPCE, La Poste, Orange, TDF…) ;
  • l'hôtellerie et les services (AccorHotels, Elis, KorianSemec) ;
  • l'agroalimentaire (Grands Moulins de Strasbourg, Lesaffre, Roullier, St Louis Sucre, Sodiaal, Soufflet, Terrena, Vivescia…) ;
  • les carrières, la cimenterie, la sidérurgie (Basaltes, Kerneos, Winoa) ;
  • la grande distribution (Auchan, Carrefour, Casino, Cora, Métro, Mousquetaires, Système U) ;
  • la communication, l'événementiel…

Il faut dire qu'il n'y a qu'une seule condition pour adhérer au CLEEE, pas vraiment restrictive : être consommateur d'énergie !

Quels sont les aspects réglementaires que vous surveillez en 2018 ?

Pour le gaz naturel, la réforme du stockage nous préoccupe. Je crains que cela aboutisse à une forte augmentation des prix, contrairement à ce qu’avait annoncé la CRE. Pour l'électricité, une réforme de l'ARENH est dans les tuyaux. Nous sommes très inquiets !

Quels sont vos travaux pour l'année en cours ?

Nous allons démarrer une enquête de satisfaction des fournisseurs auprès des grands acheteurs d'énergie, en collaboration avec la FNCCR. Nous publierons une restitution à la fin du mois de juin 2018.

Ce que nous pouvons en dire pour l'instant ? Beaucoup de fournisseurs voyaient leurs relations commerciales polluées par des problèmes de facturation et de reporting. Cela semble être un peu moins le cas cette année. Tout comme les soucis de pratiques commerciales abusives. Mais, là encore, nous publierons nos résultats complets cet été.

La libéralisation du marché a-t-elle, selon vous, été positive ?

Pour le gaz, incontestablement. Même si cela a parfois été compliqué, les consommateurs s'y retrouvent finalement. Nous allons d'ailleurs, grâce à Thérèse Sliva-Marion, à la tête de la commission gaz, développer nos travaux dans ce domaine.

S'agissant de la libéralisation du marché de l'électricité, et de son impact positif pour le consommateur, je suis nettement plus partagé.