Quinquennat Macron : quel bilan pour l’énergie 6 mois après les élections ?

Voilà presque 6 mois que la France dispose d'un nouveau président de la République. S'il a passé l'été à préparer ses réformes du Code du travail, adoptées par ordonnance à la rentrée, son gouvernement s'est aussi employé à prendre des mesures en matière d'énergie. Lesquelles ? Qu'est-ce qui a été remis en question ? Sur quels sujets est-il encore attendu ? Quel bilan tirer de la politique énergétique d'Emmanuel Macron ? Le maGAZine fait le point.

L'accord de Paris : socle de la politique énergétique d'Emmanuel Macron

« Make our planet great again. » Par ces 5 mots, Emmanuel Macron a rappelé à Donald Trump, qui venait d'annoncer le retrait de son pays de l'accord de Paris, que la transition énergétique devait être une priorité pour les grandes puissances mondiales. C'est le premier échec, tout symbolique qu'il soit, pour la politique énergétique d'Emmanuel Macron, alors que le président annonçait sur son site de campagne vouloir « mettre en place une coalition d'acteurs étatiques et non-étatiques qui incite les États-Unis à demeurer dans l'accord de Paris ».

Rien de concret, par ailleurs, sur l'application de ce texte ambitieux. Le gouvernement Philippe attend sans doute la COP 23, qui se tiendra en novembre à Bonn, pour entamer l’application des mesures prévues par l’accord.

◇ Quelques rappels sur le gaz de schiste ◇

Le gaz de schiste et les hydrocarbures

Ici, l'objectif semble pouvoir être tenu. En mars, Emmanuel Macron disait vouloir « interdire l'exploration des gaz de schiste et ne délivrer aucun nouveau permis d'exploration d'hydrocarbures »  – pétrole, gaz naturel, charbon, gaz ou pétrole de schiste.

Le Plan Climat, présenté en juillet par Nicolas Hulot, est en cohérence avec cette volonté, le ministre annonçant que la France « a décidé d'interdire tout nouveau projet d'exploration d'hydrocarbures ». Un projet de loi doit être déposé au début de l'automne. Il viendra modifier le Code minier.

◇ Vers une interdiction d’exploiter des hydrocarbures en France ◇

Le nucléaire

Il s’agit du dossier le plus compliqué à gérer : la France est historiquement attachée à cette source d'énergie. Si le président de la République s'était engagé à baisser la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50 % d'ici 2025, le chantier n'a pas encore été lancé.

Le sujet occupe tout de même l’actualité : fin août, le ministre de la Transition écologique a annoncé vouloir fermer « plusieurs réacteurs », dont celui de Fessenheim. Combien exactement ? Selon les experts – et Nicolas Hulot lui-même, en juillet, avant qu'on lui demande de ne plus s'engager sur un nombre –, une vingtaine de réacteurs devraient cesser de fonctionner pour que cela soit possible. Il n’a cependant pas précisé les moyens prévus pour compenser la perte de production.

Autre problème : EDF ne l'entendra probablement pas de cette oreille, et encore moins à court terme. La Cour des comptes a en effet calculé qu'une fermeture anticipée d'une partie de son parc nucléaire priverait l'opérateur historique de plus de 5 milliards d'euros par an. Des pertes qui pourraient freiner ce projet phare de la politique énergétique d'Emmanuel Macron.

◇ Grand carénage, où en est-on ?

Les énergies renouvelables

L'ambition exprimée par le candidat Macron pendant la campagne ? Doubler la capacité en éolien et en solaire photovoltaïque. Depuis qu'il a accédé à la présidence, un Plan Climat a été présenté, annonçant des mesures pour simplifier le cadre réglementaire. À suivre !

Le prix du carbone

Le nouveau niveau du prix du carbone sera fixé courant 2018, dans le cadre du projet de loi de finances. C'est Nicolas Hulot qui l'a annoncé en juillet. Lors de sa campagne, Emmanuel Macron a indiqué vouloir fixer un prix plancher du carbone dans toute l'Union européenne. Un premier pas a donc été fait avec l'inscription au projet de loi de finances 2018. Reste à voir si ces démarches « inspireront » les partenaires européens.

◇ Commis­sion Stern-Stiglitz, vers un « corri­dor de prix carbone » ?

La politique énergétique d'Emmanuel Macron ne fait que commencer, et le programme des prochains mois sera chargé. Des Assises de la mobilité doivent être lancées d'ici la fin de l'année. Elles ont vocation à encadrer la fin programmée de la vente des voitures à essence et diesel, espérée pour 2040, et de préparer une « loi mobilité ». En janvier, un dispositif d'aide à la rénovation thermique doit également être mis à l'étude. Entre-temps, la COP 23 devrait permettre d'y voir plus clair sur l'accord de Paris. Le maGAZine vous en dira donc plus le moment venu !