Le gaz naturel va-t-il profiter de l’instauration d’un prix plancher du carbone ?

La COP 21, qui s’est tenue à Paris du 30 novembre au 12 décembre 2015, en a fait le constat : le système des quotas carbone européen, que « gère » le SCEQE, n’est pas assez efficace. Pour remédier à cela, la France devrait sous peu instaurer un prix plancher du carbone, aux alentours de 30 euros. Parmi les conséquences potentielles, une plus grande compétitivité du gaz naturel. Explications.

Sommaire

Le SCEQE en bref

Le SCEQE (Système communautaire d’échange des quotas d’émission) est l’acteur principal des quotas carbone en Europe. Il s’agit d’une bourse - ou, selon les terminologies, d’un marché - du carbone. Le principe est simple : en début d’année, les États membres de la Commission européenne doivent définir un certain nombre de quotas d’émission de CO2 pour les entreprises concernées par le système. Celles-ci sont auditées en fin d’année. C’est alors que le "marché du carbone" entre en scène, de deux façons différentes :

  •  une entreprise émet plus que les quotas qui lui sont alloués et elle doit se procurer, via le SCEQE, les quotas manquants ;
  • une entreprise émet moins de carbone que les quotas qui lui sont accordés et elle peut alors revendre ses quotas inutilisés pour obtenir des revenus supplémentaires.

Un prix trop bas des quotas

Dans l’idéal, le système des quotas devrait permettre une réduction des gaz à effet de serre de l’ordre de 40 %. Dans la réalité, ce n’est pas vraiment le cas. La raison ? Un prix trop bas des quotas, lequel se maintient depuis trois ans en dessous des 8 euros par tonne, stagnation expliquée principalement par :

  •  une allocation de quotas trop importante ;
  • un système jugé trop rigide par les spécialistes ;
  • le ralentissement économique des dernières années.

Or, les spécialistes estiment que le prix du carbone devrait se situer entre 25 et 30 euros par tonne. D’où l’idée du gouvernement de mettre en place un "prix plancher"…

Un prix plancher à partir du 1er janvier

C’est en effet à partir du 1er janvier 2017, et suite à la COP 21, que la France imposera un "prix plancher" pour le marché national du carbone. L’idée ? Doper le montant des transactions gérées par le SCEQE. Ce prix plancher devrait se situer autour de 30 euros, montant au-delà duquel les experts locaux estiment que les industriels seront davantage enclins à réaliser les investissements nécessaires pour se passer du charbon. Conséquence ? Les entreprises devraient plus volontiers se tourner vers le gaz naturel, cette ressource étant moins émettrice de CO2 que le charbon par exemple.

Un bel exemple de volontarisme dont Paris espère voir les autres États membres s’inspirer, malgré deux bémols :

  • Seules les activités de production électrique des centrales thermiques fonctionnant au charbon seront assujetties à cette tarification. 4 centrales sont ainsi concernées en France. Ce secteur représente donc une faible part de l’émission de CO2 en France (78 % de la puissance fournie est d’origine nucléaire et 16 % a pour source des énergies renouvelables) ;
  • L’idée risque de pousser la France à importer de l’électricité allemande… souvent produite dans des centrales thermiques, donc émettrices de CO2.

Le prix plancher du carbone pourrait favoriser le gaz naturel en France sur le long terme. Restera à voir comment ce prix plancher s’articulera avec la mise en place d’une réserve de stabilité du marché du carbone européen, prévue pour 2019 ! Certains experts ont néanmoins une réserve : alors que l’objectif de l’instauration d’un prix plancher pour le carbone est environnemental, cette démarche pourrait multiplier le nombre de quotas carbone non utilisés sur le marché, les mettant de fait à disposition des plus gros pollueurs.

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