Enquête Energy Time Paris : le bilan

Energy Time Paris, c’est un rendez-vous incontournable pour les managers de l’énergie. La troisième édition - que Lionel Barbé, directeur général de l’agence organisatrice, nous présentait en début d’année -, consacrée à l’efficacité énergétique pilotée par la donnée, s’est déroulée le 14 juin à Paris. Cette thématique a fait l’objet d’une enquête, à laquelle nous vous proposions de répondre. 125 entreprises (dont 71 % dans le secteur industriel et 16 % dans le tertiaire ou le bâtiment) consommatrices d’énergie ont rempli le questionnaire Energy Time Paris. En voici les principaux enseignements !

Sommaire

Système d’information de l’énergie : kézako ?

L’enquête réalisée par l’ATEE (Association technique énergie environnement) et la société METRON, dont nous avons interviewé le directeur général Vincent Sciandra il y a peu, commence par définir à quoi correspond, concrètement, la mise en place d’un Système d’information de l’énergie dans les entreprises interrogées. Trois "briques élémentaires" sont ainsi identifiées :

  • La mesure des données, qui repose sur des compteurs et des capteurs de plus en plus connectés et performants.
  • La relève (manuelle et/ou automatisée, par exemple via un réseau Wifi) et le stockage des données (en local ou dans le Cloud).
  • L’analyse des données, grâce à l’adoption de logiciels de gestion énergétique, à la GTC-GTB (Gestion Technique Centralisée – Gestion Technique du Bâtiment) ou à l’embauche de professionnels qui se consacrent uniquement à ces enjeux de l’entreprise, les Energy Managers.

À noter : il apparaît que la terminologie "Système d’information de l’énergie" évolue. En effet, on parle de plus en plus de "Système de mesurage". C’est d’autant plus pertinent que d’autres sources de données (la météo, la fréquentation d’un bâtiment, le marché de l’énergie…) sont exploitées par les entreprises !

Une entreprise sur 5 dispose d’un système de relève complètement automatisé

Le premier enseignement de l’enquête réalisée pour le salon Energy Time Paris ? Être "en capacité d’exploiter et valoriser un grand nombre de données déjà existantes" reste la principale problématique liée à la gestion des données dans les entreprises interrogées. Pourtant, seules 20 % indiquent disposer d’un système de relève complètement automatisé, pour un suivi en continu et 34 % déclarent exploiter des données relevées manuellement… ou sur facture !

Ce besoin d’automatiser la relève et l’exploitation des données est cependant bien compris par les professionnels, notamment dans le secteur industriel. Reste un barrage à lever : la mise en place d’un système d’acquisition fiable et centralisé, tout particulièrement dans le tertiaire.

Les motivations à la mise en place d’un système d’information de l’énergie

Qu’est-ce qui convainc une entreprise de mettre en place un outil de relève et de gestion des données liées aux consommations d’énergies ? L’étude réalisée pour le salon Energy Time Paris identifie 6 facteurs majeurs :

  • détecter des anomalies ou des dérives de consommation (35 % des répondants) ;
  • piloter une démarche de maîtrise de l’énergie, notamment ISO 50 001 (26 % des répondants) ;
  • faciliter l’exploitation et la maintenance des utilités et des process (15 % des répondants) ;
  • suivre et/ou refacturer les coûts énergétiques à ses filiales et/ou à ses clients (10 % des répondants) ;
  • pour le secteur industriel, améliorer la qualité de la production (8 % des répondants) ;
  • pour le secteur tertiaire, améliorer le confort des utilisateurs et/ou des clients (6 % des répondants).

Un déficit en outils créés pour le suivi et le pilotage des données

Autre constat formulé par l’étude préalable au salon Energy Time Paris : les entreprises sont encore sous-équipées en outils dédiés au suivi et au pilotage des données. La plupart d’entre elles (66 %) utilisent en effet des outils internes (tableurs, base de données), contre 16 % qui sont équipées d’un logiciel de gestion énergétique (plus fréquent dans le secteur tertiaire que dans l’industrie). Une bonne nouvelle cependant : 18 % des entreprises envisagent d’adopter un outil dédié à ces questions. Il faut dire que les entreprises qui utilisent un logiciel de gestion énergétique ont bien identifié les avantages offerts par ces outils :

  • ils permettent une fine analyse des données, pour créer un modèle prédictif, une comptabilité analytique de l’énergie, et/ou un véritable pilotage des équipements ;
  • ils offrent un monitoring en temps réel des consommations, avec des alarmes, des contrôles de cohérence…
  • ils permettent d’animer un plan d’action, d’éditer des rapports, de gérer la documentation ISO 50 001… bref, de mettre en place un véritable système de management de la performance énergétique.

À noter : les outils plébiscités par les professionnels interrogés gèrent souvent (100 % des cas dans le tertiaire, 46 % dans l’industrie) le multi-sites. Exploités par une licence traditionnelle achetée, ils sont multi-fluides dans plus de 6 cas sur 10, et restent principalement à destination du responsable énergie - juste devant le facility manager et le directeur d’usine.

Ainsi, nous assistons à une véritable prise de conscience de la part des professionnels. Les données sont de plus en plus centralisées et l’utilisation d’outils créés spécifiquement pour ces besoins se démocratise. Reste néanmoins une distinction à faire entre le secteur tertiaire et le secteur industriel : dans le premier, les entreprises exploitent et valorisent mieux la data, grâce à des outils spécialisés ; dans le second, la mesure des données est plus efficace !

Source de l'image à la Une : Flickr (Jack Moreh)